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Se battre pour le pouvoir

Ici, nous commençons à voir comment les femmes non seulement retrouvent leur visibilité, mais se battent aussi pour le pouvoir dans une société dominée par les hommes. Des extraits dans cette galerie parlent de l'isolement des femmes dans un monde patriarcal et du conflit inévitable qui en résulte.
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Les dèsirs

«Par-dessus le marché, ils sont l’un et l’autre, comme je vous l’ai dit, bâtards d’un double adultère et enfants de la femme la plus méchante et la plus perdue que la terre puisse porter. Je vous laisse maintenant à penser combien je dois désirer ce mariage. Le pis est que je n’ose pas trop en parler à Monsieur, car il a la belle habitude, quand je lui dis un seul mot, d’aller tout de suite le rapporter au roi en l’amplifiant considérablement...» (Les lettres de princesse de Palatine, 113)

La princesse Palatine décrit ce qu’elle vient d’apprendre à propos de ses enfants et leurs futurs mariages. Elle exprime sa colère avec la perspective que ses enfants épouseront les enfants illégitimes du roi. 

À travers ses lettres, la princesse Palatine met au défi les autorités qui contribuent à son identité comme courtisane à la cour de Louis XIV. En exprimant ses sentiments, elle défie ouvertement les souhaits du roi et de sa maîtresse.

La princesse Palatine défie les autorités autour d’elle via ses expressions ironiques qui cachent son mécontentement avec la situation.  Elle demande une question très simple, de penser à combien elle doit désirer ces mariages. Pris littéralement, sa question a une connotation positive. Mais, étant donné sa diction négative utilisée pour décrire les enfants illégitimes, son ironie sert plutôt à rejeter l'autorité.  De plus, elle dépeint «Monsieur» défavorablement. Le premier usage de «Monsieur» comme titre pour son mari crée une distance avec l’autorité de son épouse. Deuxièmement, son usage de la «belle habitude» de Monsieur pour décrire une habitude négative aide encore à cacher son mépris ouvert pour la situation. Dans ce cas, elle ne réagit pas selon ce que lui dictent son roi et son mari, mais elle réagit plutôt selon ses propres sentiments. En le faisant, elle rejette non seulement l'autorité du roi, mais elle accepte sa propre autorité pour affirmer son identité et la représentation d’elle-même.

Jenny Gallegos

Échappant la fausseté: une solution contemporaine pour la cour de Louis XIV 

La Princesse Palatine, qui a épousé le frère de Louis XIV, Philipe, parle dans ses lettres à sa tante de la solitude qu’elle se sent à la cour. « J’ai nulle part ni conseil, ni appui (car ici tout le monde est si intéressé et si faux qu’on ne peut se fier véritablement à personne)” dit-elle. Ce qu’elle exprime ici, c’est quelque chose qui n’est pas étrangère à la société contemporaine—le sentiment que tout le monde est faux. Elle trouve les gens de la cour « si intéressé et si faux, » c’est-à-dire que chacun ne s’intéresse qu’à soi-même. C’est la raison pour laquelle elle se sent complètement seule dans cette grande société. Le monde des mensonges, c’était véritable dans la cour de Louis XIV, et c’est tout aussi vrai dans le monde d’Instagram. L’application est souvent utilisée pour promouvoir une image parfaite. Donc, une façon d’échapper la fausseté des réseaux sociaux était née dans la forme de « Finstagram » ou en argot « Finsta » ce qui est utilisé pour les représentations plus honnêtes. C’est le forum où on peut partager leurs vraies expériences sans peur parce qu’il consiste d’un petit groupe d’adeptes choisi par le propriétaire.  

C’est particulièrement approprié pour la Princesse Palatine parce qu’elle ne peut que s’exprimer dans une espace privée (les lettres) et avec un interlocuteur digne de confiance (sa tante). En utilisant un « finsta, » elle accomplit les deux. Le groupe sélectif crée une espace de sécurité où elle peut parler franchement et sans souci, et dans cette espace privée, elle peut échapper toute la fausseté de la cour, son mariage difficile, et le sentiment de la solitude. De plus, comme une femme séparée de sa famille, son pays, et sa maison, l’espace la donne l’opportunité de maintenir la relation avec son ancienne vie.

Anna Agathis

Célimène et la répresentation de soi dans Le Misanthrope

Madame, on peut, je crois, louer et blâmer tout, 

Et chacun a raison suivant l'âge ou le goût. 

Il est une saison pour la galanterie, 

Il en est une aussi propre à la pruderie; 

On peut, par politique, en prendre le parti, 

Quand de nos jeunes ans l'éclat est amorti: 

Cela sert à couvrir de fâcheuses disgrâces. 

Je ne dis pas qu'un jour je ne suive vos traces,

L'âge amènera tout, et ce n'est pas le temps,

Madame, comme on sait, d'être prude à vingt ans. 

(Le Misanthrope, Acte III, Scène IV, vers 975-984)

Célimène parle à Arsinoé de sa philosophie de vie et de comportement, en particulier dans sa jeunesse.

L'extrait aborde des idées de représentation et de visibilité, en particulier pour les femmes, en soulignant la façon dont le caractère de Célimène est intensément façonné par la société et son image.

D’abord, les troisième et quatrième lignes de la citation créent une juxtaposition entre «la galanterie» et «la pruderie». Cette juxtaposition suggère que ces deux extrêmes sont les seules représentations féminines disponibles, du moins dans l’esprit de Célimène; il n'y a pas de vie intermédiaire à vivre. À bien des égards, le personnage de Célimène représente la société et sa superficialité. Ici, les mots de Célimène expriment la façon dont la société considère les femmes très simplement, considérant une femme comme un prude ou une mondaine, sans compréhension plus nuancée du caractère et du comportement. Avec cette dynamique, où une femme soit à la société, soit séparée de la société, le personnage féminin complexe ne peut trouver une visibilité évidente. Cependant, d’une certaine manière, Célimène démontre aussi la complexité de son personnage en montrant sa maîtrise et son immense compréhension du fonctionnement de la société. Elle note distinctement à Arsinoé la façon dont la jeunesse peuvent «à couvrir de fâcheuses disgrâces». Célimène retire essentiellement son masque public et révèle à Arsinoé la logique de son comportement, utilisant sa compréhension du rôle de la femme, de l'importance de la beauté et de la jeunesse, à bien se positionner dans la société.

Dans Le Misanthrope, le personnage de Célimène et sa conscience de soi abordent des thèmes à la représentation de soi et aux façon dont les femmes peuvent trouver la visibilité dans la société.

Zoe Akoto